Premier contact martial avec la Turquie
Après nos petites frontières bon enfant jusqu’à présent, le passage entre la Grèce et la Turquie est une vraie frontière avec hommes en armes camions militaires, grillages et barbelés… Plusieurs années de guerre dans les années 20, le renvoi réciproque de millions de personnes de chaque côté, le conflit chypriote et de continuels problèmes territoriaux ont laissé quelques traces…
Premiers contacts turcs chaleureux. Tout le monde nous encourage de son petit ou gros coup de klaxons. Nous nous installons dans un champ pour pique-niquer, un automobiliste s’arrête et nous laisse bouteilles d’eau, sodas avec un petit salut. Nous entrons par un secteur céréalier important et nous croisons autant de tracteurs que de voitures individuelles. Nous grimpons sur un petit col avant de redescendre vers une baie magnifique.
Après des kilomètres de marais sans pouvoir trouver un endroit sec, nous visons un petit promontoire. L’endroit est magnifique. Le soleil se couche sur les îles, nous faisons quelques belles photos, nettoyage complet au grand air, seuls au monde (ou presque). Les pâtes commencent à cuire dans la gamelle et nous voyons débarquer un camion militaire avec le sergent arme au poing les appelés derrière la ridelle. Coup de fil au supérieur et il nous passe son capitaine en anglais.
Vous êtes ici sur une zone militaire sensible, vous ne pouvez pas rester ici.
En bons français râleurs nous commençons à négocier
Oui mais nous sommes à vélo, nous sommes fatigués et puis nous n’avons rien trouvé pour planter la tente sur des kilomètres.
Vous ne m’avez pas bien compris, vous dégagez…
Oui mais il fait nuit et nous n’allons rien trouver…
Vous ne m’avez pas bien compris, vous avez 20 minutes ou on vous tire dessus…
Euh, bon d’accord, là c’est plus clair
Nous avalons notre ration de pâtes à toutes vitesses, plions les bagages tant bien que mal et descendons la colline à la lumière des frontales. Le jeune capitaine nous y attend et il commence par s’excuser !
Oui nous sommes désolés, vous êtes nos hôtes, bienvenue en Turquie, tout va bien se passer mais les ordres sont les ordres.
Il en serait presque plus gêné que nous. Mais il nous faut quand même trouver où dormir. Il fait froid, la nuit est là et il y a des chiens partout le long de la route. Nous avisons un petit village éclairé, montons à la mosquée où sont rassemblés au café (au thé en fait) que des hommes. Avec nos quelques mots de turcs et forces gestes nous expliquons que nous cherchons où dormir. Un des hommes prend son camion et nous emmène dans le parc public du village. Nous montons la tente en vitesse et nous voici enfin dans notre petite maison !
Coucher de soleil sur la baie de la presqu'île de Gallipoli avant de se faire déloger...
Le lendemain, nous sommes réveillés au bruit des tanks qui défilent sur la crête de la colline voisine et des avions militaire qui passent à basse altitude… L’armée turque, 2ème armée de l’OTAN prend de la place dans le quotidien visiblement. Bon nous venons d’arriver sur la presqu’île de Gallipoli qui contrôle les Dardanelles, lieu de triste mémoire pour les armées alliées en 1915 mais emblématique et éminemment stratégique pour la République Turque.
Nous avons décidé de franchir le détroit pour arriver à vélo par le sud et rejoindre Istanbul en bateau, histoire d’éviter l’entrée à Istanbul par 100 km d’autoroute saturée de camions, une des pires routes du monde pour les quelques cyclistes qui s’y sont aventurés ! Le soir suivant nous dormons tranquilles en pleine forêt à côté d’apiculteurs qui installent leurs ruches. Ils ont planté leur caravane là pour leur début de saison. Pour la première fois il fait bon et nous pouvons passer une vraie soirée dehors avec nos premiers moustiques… Brigitte en garde des traces …
C’est d’abord par le ventre que tout cycliste découvre d’abord un pays et le ventre Turc est tout à fait à notre goût, soupes de poulet, de lentilles, de légumes au coriandre, kebabs, haricots, aubergines grillées… Les petits restos sont copieux, variés et bon marché alors nous en profitons !
