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Pedalliyorum

S’il y a dans le monde une terre de mission pour les apôtres du vélo, c’est bien Istanbul. Venant de Grèce, l’accès à cette mégalopole de 15 M d’habitants est une longue autoroute de 100 km bondée de camions. Nous préférons plus sagement franchir les Dardanelles et arriver sur les rives du Bosphore en bateau.

Nous débarquons donc de nuit dans l’ancienne capitale de l’empire Ottoman et de l’empire Romain d’Orient, accueillis à bras ouverts et immédiatement pris en charge par Cenzig et Goçe, actifs promoteurs de l’association Pedalliyorum qui coordonne des actions de promotion du vélo dans toute la Turquie.

Après le traditionnel çai (thé en turc), nous entamons un inoubliable tour à vélo de la ville by night. Un moment magique, hors du temps, nous serpentons dans les ruelles, débarquons devant Ste Sophie, le palais, la mosquée bleue, la mosquée de Sultanahmet, naviguons dans les petites rues, débouchons sur une place, longeons la Corne d’Or, remontons dans le quartier de Balat. Les muezzins lancent le chant du dernier appel à la prière et se répondent en variations. Les mouettes illuminées tournent autour des minarets comme des feux follets en criant. Oui, magique…

Istanbul by night dès le premier soir, un moment magique...

Nous arrivons en fanfare accompagnés de plusieurs membres de l’association à la toute nouvelle Maison du Vélo d’Istanbul que l’association vient de créer et nous avons le privilège d’en être les premiers hôtes ! La Maison du Vélo, c’est 6 conteneurs empilés, repeints, décorés, aménagés pour accueillir les cyclistes de passage, être un lieu d’échange et de promotion du vélo dans ce qui était la synagogue du quartier et dont il ne reste que quelques murs. Bon, les commodités sont encore un peu spartiates, en guise de douche il n’y a encore qu’un robinet d’eau froide, les toilettes n’ont pas encore de porte et la cuisine n’est pas encore construite. Mais qu’importe, nous qui nous faisions une joie de cette première grande étape, l’accueil est à la hauteur de l’événement.

La Maison du Vélo d'Istanbul dans le quartier Balat

Et de 23h à 1h du matin, après une grosse journée de 120 km, nous découvrons ébahis l’ampleur du travail réalisé par l’association. Imaginez, pour les spécialistes, une bonne dose de FUB, la fédération des usagers de la bicyclette, un beau morceau d’AF3V, l’association française des véloroutes et voies vertes, une portion de FFCT la Fédération Française de Cyclotourisme et de FVT, France vélo Tourisme et l’Agence Ecomobilité, vous mélangez bien en obtenez Pedalliyorum. En Turc, « Je pédale » avec un double sens de « voir », le vélo permet de découvrir et je vois en pédalant…

Avec ses 15 000 adhérents sur tout le territoire, l’association s’est donné pour mission de développer le vélo en Turquie et plus particulièrement à Istanbul. Un vrai challenge dans une ville où le vélo n’existe quasiment pas, où les conditions de déplacement en voiture sont épouvantables, avec un relief pour mollets aiguisés et où les autorités tant nationales que locales restent sourdes. Développer le vélo sous toutes ses formes utilitaires, loisirs, tourisme, voyage, tel est leur objectif.

Les réalisations sont déjà impressionnantes malgré des moyens réduits :

Une vélo-école permet à tous les publics d’apprendre à faire du vélo. Nous assistons à notre première séance le lendemain matin et avons l’occasion de discuter avec les participantes. Car ce sont presqu’exclusivement des femmes qui viennent apprendre. « Mon père m’a dit non, quand j’étais enfant, le vélo ça n’est pas pour les filles. Mon mari m’a dit non ça ne se fait pas, mes enfants m’ont dit non quand même maman. Eh bien moi je dis je veux apprendre. » C’est moins un désir d’autonomie comme en Italie dans les années 50 qu'un besoin d’affirmation sociale, d’affirmation de soi dans une société encore très inégalitaire, une revanche sur l'histoire. Elles se montrent très volontaires et décidées. Premières séances, la recherche d’équilibre sur une pédale. Avant de pédaler, savoir monter, s’équilibrer, descendre, tomber… Une jeune guide veut apprendre et pouvoir ainsi pourquoi pas emmener des groupes.

Deuxième séance de vélo-école

Les premières tentatives d’organisation de « Masses critiques » grands rassemblements de vélos en ville n’ont pas encore été à la hauteur des espérances tant il est encore difficile d’être cycliste à Istanbul. Ce sera pour plus tard.

Les relations avec les autorités restent difficiles. Quelques timides bandes cyclables étroites et discontinues ont été réalisées sur quelques axes. De bonnes sections de voies vertes ont en revanche été réalisées au bord de l’eau dans une optique de santé publique et connaissent un franc succès. Conçues comme des bouts de parcs urbains et non comme des axes de déplacements elles souffrent néanmoins de ruptures majeures de continuité. L’agglomération a bien tenté de mettre en place des vélos en libre service pour faire comme toute ville internationale qui se respecte, mais sans intégration à un plan d’ensemble, le projet n’a jamais bien fonctionné et il ne reste que quelques reliques.

Quelques bonnes sections de voies vertes mais trop courtes pour devenir des outils de déplacements

Pedalliyorum développe également, et c’est une part très importante de son activité, un ensemble d’itinéraires touristiques dans les différentes régions du pays avec tout un réseau de correspondants : itinéraires, site internet, réseau d’accueil et d’hébergements labellisés, de logements à la ferme et de transport. Ils ont également contribué à créer une agence de visite d’Istanbul à Vélo qui fonctionne bien auprès des touristes étrangers.

La Maison du Vélo dans laquelle nous sommes accueillis est leur réalisation en cours. Elle devrait être achevée dans quelques mois. Elle est située dans le quartier de Balat, un extraordinaire quartier populaire de la vieille ville, tout en mélange. On y côtoie les communautés Arméniennes, orthodoxes, alévis, des roms. En projet, la création d’une vélostation avec gardiennage de vélos, location en courte et longue durée, et café vélo dans l’ancienne gare d’arrivée de l’Orient express, au pied du palais de Topkapi.

Brigitte avec Cenzig, une figure du vélo en Turquie dans le quartier Balat

Cenzig son créateur et président, la soixantaine, sec et longiligne, fumeur invétéré porte une belle barbe blanche d’apôtre Il est l’âme de l’association. Ancien professionnel du cinéma, il adore communiquer, faire des images, publie chaque jour un post vélo sur le site de l’association. Il a même réussi à faire une série vélo pour la télévision nationale. Il nous prend sous son aile et nous emmène partout découvrir Istanbul à vélo. Sa Maison du vélo est un vrai moulin où passent ses amis cyclistes, Turcs, Arméniens, Iraniens… L’occasion pour nous de préparer la suite du voyage…

Nicolas en pleine discussion avec des membres de l'association sur les parcours en Turquie

Après trois jours intenses passés à ses côtés nous rejoignons Marion et Etienne, un couple de cyclo-voyageurs franco-belge rencontrés sur le bateau, en provenance de Singapour et à vélo pour encore quelques mois à travers l’Europe. Là encore une occasion chaleureuse d’échanger sur nos mois à venir !

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