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Soirée au poste à essence de Asagihüyük (25 habitants)

Après Pinarbasi, nous quittons la route principale pour aller nous perdre sur les petites routes d’Anatolie centrale. Nous sommes sur un vaste plateau à 1800 mètre d’altitude. A perte de vue des champs balayés par le vent, pas un arbre. On pourrait presque se croire en pleine Beauce s’il n’y avait des minarets pour clochers et au loin des hautes montagnes enneigées.

Le vent souffle de plus en plus fort et le froid s’installe. Les rares villages viennent se nicher à l’abri des petites dépressions. Une voiture de gendarmes tout étonnés de nous trouver ici s’arrête et nous demande la permission de nous prendre en photo. La route devient piste, le vent redouble de violence et les nuages s’amoncèlent. Les couleurs sont superbes et soulignent les contrastes de terre rouge, de vert électrique des premières pousses de blé de printemps et du blanc des sommets. Mais il nous faut vite trouver un abri.

Les nuages s'amoncèlent, le vent souffle en tempête mais les couleurs sont superbes, vite il faut trouver un abri !

Nous avisons une improbable station service plantée au milieu des champs à quelques encablures d’un village. Vite nous nous engouffrons à l’abri. Le pompiste, la quarantaine, un peu taciturne au premier abord, nous sert un thé, un autre, sort le pain, l’halva, la pâte à tartiner, la confiture pour nous remonter et nous invite à passer la nuit avec lui. Il habite à Kangal, la principale ville du secteur à 50 km de là et reste sur place 4 jours par semaine dans ce désert de champs.

Des petits villages blottis dans les petites dépressions du plateau

Vers 19 heures, un de ses copains agriculteurs arrive en tracteur, puis deux, puis trois et quatre. Tous autour de la quarantaine, ils viennent nous tenir compagnie et la conversation s’anime. Tous surpris de nous retrouver ici dans un coin aussi perdu, ils nous posent mille questions, autant que notre niveau de turc nous permet de les comprendre et répondre.

- Mais pourquoi venir se perdre dans ce trou ?

- Mais parce que sans ça, nous ne vous aurions pas rencontrés, nous ne saurions rien de votre vie.

- Et pourquoi à vélo, vous n’avez pas de voiture ?

- Si mais en voiture on va de ville en ville et on ne connaît qu’un petit bout du pays.

- Alors merci d’être venus nous voir ! Et le froid, et le vent ?

- Avec la tente et des bons duvets, tout va bien !

Soirée au poste à essence avec les agriculteurs du coin tout étonnés de nous voir là.

Leur curiosité, leur ouverture nous étonne. Nous parlons agriculture, blé, orge, betterave, pommes de terre et cumin, pluviométrie… Autant de vocabulaire qui ne figure pas dans notre Assimil et que nous apprenons avec plaisir. La leçon sur les réservations d’hôtel, monter les bagages et changer un billet d’avion ne nous servira pas à grand chose !

Nous nous mettons à la cuisine entre hommes. Salade de bons petits légumes frais, plâtrée de pâtes et omelette aux saucisses de boeuf. Ils font un peu grise mine devant notre salade que je termine avec ardeur. En fin de repas, l’un d’eux propose de sortir la bouteille de raki, le pastis turc fait d’alcool de raisin et d’anis. Interdit au café, pas très bien vu à la maison, il se boit entre amis. Par respect pour l’un d’entre eux, musulman pratiquant, ils sortent boire dehors par un froid glacial. Ils le servent avec des pommes et un grand verre d’eau pour ne pas se trahir avec leur haleine.

Cuisine entre hommes au poste à essence

Comme la soirée se prolonge, et que nous avons une bonne centaine de kilomètres dans les jambes, nous partons monter la tente dehors sous le regard éberlué et l’incompréhension totale de notre hôte qui nous enjoint de rester à l’intérieur. Peut être avons nous heurté son sens de l’hospitalité. Le vent est tombé mais le froid est vif. La nuit a été bien froide. C’est bien la peine de faire les fanfarons. Au petit matin, nous avons droit au çay et au pain grillé sur le poêle dans son petit dortoir surchauffé.

Soleil radieux le lendemain matin après une nuit fraîche (-3°c) à côté du poste à essence planté au milieu des champs

Nous reprenons la route sous un soleil radieux, les paysages sont splendides et l’air est délicieux. Un groupe d’agriculteurs en cours de semis de betterave font la pose autour d’un petit réchaud à thé et nous hèlent en bord de route. Et c’est reparti pour le çay et les discussions agricoles !

Pose çay avant Kangal avec les agriculteurs en train de semer les betteraves. Version portative de la théière, chauffage au bois. Comme partout le thé boue d'un côté, l'eau de l'autre, ce qui permet de doser son thé comme on le souhaite en versant le thé puis plus ou moins d'eau.

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