Déchets, un Japon pas si exemplaire !
Arrivant de Chine, on ne peut qu’être subjugué dés les premiers pas au Japon par les poubelles de tri. Présentes partout, sur les bateaux comme dans les commerces, elles accueillent le plus souvent avec leurs ouvertures rondes les bouteilles plastique de PET, celles en verre et les canettes de boisson, voire les barquettes en polystyrène. Quel changement ! Nous sommes au pays du tri, et qui plus est du tri parfait. Aucune erreur ou presque dans les poubelles scrutées de près par l’œil avisé de Brigitte.
Dans une petite gare maritime entre Shikoku et Kyushu
Alignement de bacs au milieu d'un village. Des canettes et bouteilles de verre pour la plupart, mais beaucoup sont vides et nous ne comprenons pas les panneaux !
Quand nous cherchons à jeter nos déchets en séparant consciencieusement la boite en métal de tomates pelées, les épluchures d’oignon et de bananes, la brique de jus d’orange et le papier de la plaquette de chocolat du reste, nous sommes bien dépités. Aucune poubelle n’accepte notre tri, ni notre sac poubelle d’ailleurs. Nous ne trouvons notre salut que dans les précieux « convinies », ces petits magasins miraculeux qui vendent de tout dont des plats tout préparés sous barquettes et en assument les déchets – ils assumeront l’ensemble de nos déchets du coup non triés. Crève cœur et grosse déception. Nous nous étonnons également dans ce pays qui pense à tout de la faible attention à réduction des déchets. Comme en Chine, le Japon est le pays de l'emballage et du sur-emballage, du sac plastique qui contient des sacs plastique. Pour rappel, les sacs plastique sont interdits au Rwanda depuis plusieurs années, et depuis peu au Sénégal.
Quand nous roulons enfin en dehors des villes, nous sommes frappés par la quantité de déchets en bord de route. Bouteilles, cannettes et paquets de cigarette sont les plus nombreux, mais aussi pneus, appareils électro-ménagers, objets divers dans de très nombreuses décharges sauvages ou de façon diffuse à l’occasion d’un virage ou d’un petit bois. Pas vu. Mais que fait le dieu des forêts propres ? Dans les villages, nombreuses sont les maisons à côtés desquelles des objets hétéroclites s’entassent, passant gentiment du statut de stockage à celui de décharge.
Etonnant ? Et pourtant assez fréquent en bord de route....
Les autorités ont bien conscience du problème et de nombreux panneaux très illustrés appellent à plus de respect.
Jeter est payant. Les Japonais achètent des sacs plastique pour les déchets incinérables (dont le papier et les boites de conserve), non incinérables et recyclables. Ils déposent leurs sacs dans la rue selon les jours, protégés des corneilles par un filet ou un grillage. Gare à celui qui dépose dans un sac non réglementaire – ce dernier ne sera pas collecté et le responsable retrouvé. De toute manière c’est interdit et visible, donc ça ne se fait pas. Certains jours les journaux ou cartons seront déposés en paquets ficelés. Etonnante présence de sacs en vrac dans les rues, étonnante absence de considération aussi des gestes de travail des collecteurs qui ramassent au sol.
Dans un village, zone de dépôt et indication des jours et types de déchets collectés.
Les sacs sont payants et reconnaissables - ici inscriptions bleues
Les sacs poubelle sur le trottoir à Tokyo, pas très ergonomique pour la collecte
Le jour des cartons et papiers à Tokyo. Que du plaisir pour les bras et dos des collecteurs !
L’enlèvement de gros déchets est payant sur rendez-vous en ville. Cela explique leur présence dans la nature ! Certains centres locaux réceptionnent ces déchets, mais nous n’en avons jamais vu. Le modèle de déchetterie n’existe pas. Un de nos hôtes sur Shikoku devait faire une trentaine de kilomètres pour jeter un gros encombrant. Faute de bien comprendre ce qu’il pouvait faire de ses déchets toxiques, il mettait l’ensemble dans la poubelle, en présumant d’un tri ultérieur …
Mieux vaut habiter en ville dans un immeuble où le concierge s’occupe de tout ou presque. Sinon, il faut lire des consignes sans fin ou empiler derrière sa maison comme beaucoup font.
La présence de nombre de petits récupérateurs, souvent de produits métalliques, à la limite du secteur informel, nous rappelle des pays moins développés ou la France d’il y a quelques décennies.
Récupérateur aux environs d'Hiroshima
Il semblerait qu’une partie de Tokyo ait été gagnée sur la mer avec le recours de déchets comme remblais. S’y trouvent entre autres des centres de gestion, incinération et tri des déchets, mais nous n’avons malheureusement pas eu le temps d’en voir et savoir plus.
Derrière une façade reluisante, la gestion des déchets ne semble pas si idéale. Sans doute la résultante d’une approche entièrement payante non pas à la source mais à l’élimination en fin de vie. Etonnant au regard de la conception du bien public et de la culture shinto. Dommage, on attendait un Japon exemplaire aussi dans ce domaine.
Des consignes en français sur un A3 recto-verso. Heureusement le concierge maîtrise et complète le tri fait dans les appartements !