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Au pays du calvinisme turc

Hier, nous étions invités par Burak, chercheur en nanotechnologies à l’Université de Kayseri et Selda, une amie professeur, mariée à un Français. L’occasion de parler de l’évolution de la société turque et de la situation économique et sociale de Kayseri.

La ville d’un peu plus d’un million d’habitants, connaît un développement économique très important tant sur le plan industriel, commercial qu’agricole et entraîne dans son sillage une bonne partie de l’Anatolie. Finie l’image de la Turquie et d’Istanbul et le désert turc. A l’origine de ce développement, tout un mouvement d’entrepreneurs avisés et compétents portés par une éthique du travail qui ressemble fort à l’éthique protestante décrite par Max Weber. le travail et la réussite économique sont une forme de reconnaissance et d’élection divine. Travail, labeur, épargne avant tout ; peu d’ostentation dans la réussite économique en dehors du financement d’universités pour les plus avancés, de mosquées, ou de fontaines publiques pour les moins fortunés. Ce groupe pratique un islam fortement conservateur sans être radical. Il forme une part importante du soutien à l’actuel président.

Avec Burak, chercheur en nanotechnologies, dans les nouveaux quartiers de Kayseri, une ville conservatrice en plein développement économique

Cette situation économiquement prospère se double d’un bien faible intérêt pour la culture, la musique, le théâtre et la création artistique. Ce que déplore bien Burak notre hôte qui se morfond dans cette ville austère et puritaine. La jeune génération se complaît quant à elle dans une consommation frénétique. Le shopping dans les grands magasins tient lieu ici de sortie du dimanche.

Avec un groupe de jeunes étudiants fans de leurs vélos en libre service

Burak et Selda ont un idéal, une vision de la société, une conscience environnementale qui nous font partager beaucoup de valeurs. Ils pourraient faire partie de notre cercle d’amis en France et représentent aussi une partie importante de la société turque. Oui, la Turquie n’est pas loin, à peine un mois de vélo. Nous voyons à présent le débat sur son entrée dans la Communauté Européenne bien autrement. Il s’agit d’un sujet qui revient souvent dans nos échanges avec les Turcs. La Turquie a bien toute sa place dans la Communauté et aurait bien des atouts à lui apporter : plus de 70 millions d’habitants, un dynamisme économique important, une population jeune avec un taux d’éducation élevé, une agriculture diversifiée, des ressources naturelles et surtout un pont diplomatique évident avec le Proche Orient.

Que la Turquie pourrait-elle y gagner ? Les avis que nous avons eus divergent fortement. Pour les uns, tel cet ancien transporteur immigré une vingtaine d’année en France et revenu au pays investir dans le développement agricole, la Turquie est assez forte pour se développer toute seule sans la réglementation et la concurrence des multinationales européennes. Avis sans doute partagé par nos entrepreneurs de Kayseri. Pour d’autres comme Riza qui travaille dans l’entreprise de recyclage de son père (voir l’article de Brigitte sur le sujet) et qui aura sans doute à prendre la suite, l’Europe est une opportunité pour une plus grande prise en compte des questions environnementales et par là même, une véritable opportunité de développement économique pour son entreprise. Pour Burak et la plupart des jeunes du groupe de vélo rencontrés à Eskisehir, l’Europe est surtout un espoir de voir évoluer la gouvernance et sans doute la société turque vers un plus grand respect des droits de l’homme, une pacification de ses relations avec ses voisins et un rempart contre une radicalisation religieuse. Tous s’accordent cependant pour constater amèrement que l’Europe ne les aime pas. Nous avons très peu conscience de ce que la société turque a puisé dans l’exemple français, dans sa constitution (la laïcité), dans son modèle scolaire, dans la langue même (des milliers de mots sont communs) et de son image positive, à présent bien écornée.

La Turquie, nous l’aimons de nos yeux, de nos ventres et de nos cœurs, tant nous rencontrons partout hospitalité, curiosité et bienveillance. Le soir même, nous sommes invités par un couple âgé, lui Mustafa ancien immigré à Strasbourg, elle Yuragül, énergique et décidée. Ils nous préparent çay, fromage maison, olives, gâteau au chocolat (délicieux !), pommes, une grande crêpe aux pissenlits (un wrap paysan maison !) et c'est reparti pour des discussions jusqu'à la nuit !

Brigitte et Yurdagül à Esensköy, petit village après Kayseri, en train de dévorer des wraps aux pissenlits préparation maison !

Avec Mustafa devant le çay et les petits gâteaux maison. Ils se soignent bien dans la famille !

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