Dans les montagnes de l’Azerbaïdjan iranien
Après Tabriz, nous décidons de mettre le cap au sud-ouest sur Ispahan à travers les montagnes de l’Azerbaïdjan et du Kurdistan iraniens. Téhéran et l’étape visa pour le Turkmenistan, l’Ouzbekistan et le Kirghistan seront pour plus tard. L’arrivée à Tabriz avec ses 2 x 6 voies, le trafic intense et les camions pétaradants nous ont vaccinés à tout jamais des grosses routes. A nous les petites routes, les pistes, les villages, la campagne et la fraîcheur de la montagne.
La montagne se mérite et nous naviguons entre 1700 et 2300 mètres d’altitude dans des paysages d’une grande diversité. Nous nous attendions à des espaces arides et pelés et nous découvrons sur les plateaux de vastes champs de céréales parsemés de coquelicots survolés d’alouettes. Les blés vert tendre viennent tout juste de lever.
Les coquelicots dans les blés
Dans les vallées, les arbres fruitiers pommiers, abricotiers, pêchers, noyers et le maraîchage dominent. La vigne est cultivée sur de hautes buttes de terre et de savants canaux d’irrigation sont créés dans les champs pour répartir la précieuse manne de l’eau, un travail considérable entièrement fait à la main. Les tracteurs sont rares et vétustes en comparaison de la Turquie. Les fleurs des champs de toutes les couleurs foisonnent au bord des routes et les paysages sont magnifiques sous les lumières d’orages, fréquents l’après-midi.
La montagne se mérite mais les paysages sont splendides
Le miel est une vraie spécialité de la région. Les ruches assemblées en colonies de 500 ou 1000 ruches forment des petites taches de couleur. Nous sommes invités un matin à prendre le thé par un apiculteur dans sa tente. Il nous protège des abeilles en faisant brûler des bouses de vache séchées, principal combustible ici. Enseignant en retraite, la soixantaine, il a passé 8 ans de sa vie à la guerre contre l’Iraq de 1980 à 1988. Une boucherie qui a fait plus d’un million de morts côté Iranien et tout ça pour rien. De larges panneaux rendent hommage aux martyrs dans les entrées des bourgs.
Les ruches colorées et la tente des apiculteurs
Avec notre apiculteur qui a passé 8 ans de sa vie à la guerre contre l’Iraq
Les villages sont entièrement construits en pisé, une charpente en madriers de peuplier avec des terrasses de terre ou étanchés d’une couverture en bâche. Les ouvertures sont rares pour se protéger du soleil et du froid de l’hiver. Dans le Kurdistan, les femmes sont vêtues de longues jupes et de foulards très colorés. Les hommes portent des pantalons bouffants aux cuisses et resserrés sur les mollets avec de larges ceintures qu’ils portent haut.
Les villages de pisé dans les montagnes de l’Azerbaïdjan iranien
Les femmes kurdes colorées dans l’épicerie du village
Partout notre arrivée étonne. Jeunes et vieux, hommes et femmes nous abordent pour nous souhaiter la bienvenue, parfois en anglais, en turc en Azerbaïdjan. Plus à l’est, le farsi commence à nous manquer et nous révisons dans les traversées monotones.
Les invitations sont nombreuses, nous pourrions passer notre journée à nous arrêter mais il faut savoir décrypter l’invitation purement formelle, d’une invitation véritable. Il est donc poli de refuser au moins une fois, la main sur le cœur, en remerciant, puis de lire la volonté réelle d’accueil dans les yeux de votre interlocuteur, compliqué parfois ! Il en est de même avec les commerçants, boulangers, vendeurs de fruits et légumes qui refusent souvent de nous faire payer, par sens de l’accueil. Il faut donc souvent insister.
Les automobilistes nous arrêtent souvent, heureux de pouvoir prendre un selfi avec nous. Nous sommes bien plus pris en photo que nous en prenons.
Photo avec les jeunes filles, toutes contentes de pouvoir discuter avec Brigitte et avec les BG du coin, mais impossible de les faire poser ensemble
Les anciens du village se prêtent volontiers aux séances de photo