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Un « dimanche » à la campagne dans l’Azerbaïdjan iranien

Ce week-end, en fait jeudi et vendredi dans le calendrier islamique, nous sommes invités par un jeune couple, Yelma et Riza, des amis de Mehdi qui nous a hébergés à Tabriz, à venir à Maraqeh 150 km au sud, chez les parents de Yelma. Medhi, Riza, et Yelma sont des amis de montagne, grimpeurs, randonneurs, spécialistes de cascade de glace et également voyageurs à vélo. La montagne, comme le vélo, c’est pour eux tout un espace de liberté dans une société aux règles folles. Nous sommes à 5000 km de la maison, dans un pays tellement différent du nôtre, et pourtant nous nous sentons tellement proches.

Riza vient nous chercher et nous amène chez lui. Nous faisons connaissance du grand-père, de la grand-mère, du frère, d’une des sœurs, autour d’une corbeille de fruits, tradition d’accueil bien ancrée et très agréable en Iran. Yelma apprend l’anglais et se débrouille déjà très bien. Riza également. Avec le grand-père, nous échangeons en turc, avec les quelques bases que nous avons apprises et ça fait plaisir de poursuivre. La langue est parlée par 40 M d’Iraniens azéris et elle reste la langue principale dans toute la province Azerbaidjanaise au nord-est du pays. La grande pièce de la maison est couverte de tapis. Le repas est ensuite pris par terre. Leila, la sœur de Yelma installe la natte et les couverts et nous nous mettons « à table » qui en tailleur, qui à genoux. Nous mangeons avec le « lavash », un pain très plat tout ce qui nous est servi.

Le repas par terre sur une nappe, en tailleur ou sur les genoux, une habitude qui favorise les échanges et la proximité

Après le repas, vers 22h30, tous les proches, oncles, tantes, cousins, neveux et nièces, débarquent petit à petit.

Le coin des femmes

Le coin des hommes

Nous sommes dans une famille très ouverte, très critique sur le régime actuel mais les rôles et la place de chacun restent quand même marqués.

La grand-mère vient de rentrer d’une opération et toute la famille vient lui rendre visite. Nous sommes tous assis dans la grande pièce et la soirée commence. La guitare offerte par Maylis et Lucia et Brassens ont un grand succès, le grand-père est aux anges. Le grand-frère Mehdi sort sont tambourin équipé sur le pourtour intérieur d’anneaux de métal qui permettent de marquer les rythmes et nous réjouit des chansons traditionnelles d’Azerbaïdjan.

Mehdi au tambourin chante des airs traditionnels d’Azerbaïdjan

La petite nièce de neuf ans se met à danser, virevolte, se courbe, plie les mains avec beaucoup de grâce. Elle y prend un réel plaisir mais ce sont ses dernières années à pouvoir se montrer en public. A onze ans, elle n’aura plus le droit. Riza se lance alors dans des danses d’Azerbaïdjan, c’est magnifique, très tonique et en même temps expressif avec des jeux de mains.

La petite nièce prend beaucoup de plaisir à danser, dans un an ou deux, elle ne pourra plus danser en public

Nous sommes des hôtes de marque. C’est la première fois qu’ils reçoivent des étrangers à la maison et tous ont attention et curiosité à notre égard. Après une grosse journée de vélo, il nous faut bien attendre 1h30 pour aller nous coucher mais quelle soirée.

Le lendemain matin, Yelda et Riza sont très fiers de nous faire visiter leur ville. Maraqeh compte 400 000 habitants. Située à 1700m au pied de hautes montagnes encore enneigées, elle est traversée par une belle rivière aux eaux rapides et claires. Elle bénéficie d’un climat plus doux et forme une grande tâche verte dans un milieu aride. Les rues plantées d’érables apportent une ombre bienfaisante. Nous traversons le bazar et leur présence nous permet d’en savoir plus sur les herbes, les fruits et le marché.

Le soir, nous allons « au jardin » avec toute la famille. Le jardin est en Iran un lieu de vie et de socialisation important. N’allez pas imaginer un jardin à la française rectiligne tout bien taillé. C’est plutôt un merveilleux paradis comme aimait mon grand-père et dont le grand-père est très fier, où poussent tous les fruitiers, pommiers, abricotiers, pêchers, amandiers, pruniers, néfliers, de très nombreux noyers, quelques légumes, des fraises, de la menthe odorante et de l’estragon. Un vaste morceau d’ombre et de fraîcheur où les langues se délient et où la journée s’apaise.

Yelma, Niki la cousine et Leïla la sœur avec leur tante malicieuse

Le grand père très fier de son jardin

Un des oncles

Riza avec les nans tout juste sortis du fournil

Nous mangeons tous autour d’un tapis dans la cabane une grande omelette à la tomate cuite sur le feu avec de l’estragon et les nans, le pain plat tout juste sorti du fournil.

Au menu, omelette aux tomates, pains et fromage avec de l’estragon dans la cabane du jardin

La famille, le grand-père surtout et les tantes sont nostalgiques du temps du shah, même si les motivations de la révolution pouvaient être bien réelles avec la corruption et la police politique. Nous regardons leurs photos de famille des années 70. Pas de voile, cheveux longs, pantalons pattes d’éléphants et papier à fleur, peu de choses les distinguent de nos propres photos de famille. Comment est-il possible de contraindre autant tout un peuple éduqué, cultivé et qui a connu autre chose à tant de règles d’un autre âge ? Interdiction pour une femme de sortir sans un mari ou un parent, de faire du vélo toute seule, peine de prison ou d’intérêt général, forte amende et 100 coups de fouet pour non respect du ramadan que l‘on soit croyant ou non, interdiction pour les femmes de chanter ou danser en public, d’organiser des soirées mixtes, pas de théâtre, musique sans l’imprimatur islamique, pendaison pour les hommes et lapidation publique pour les personnes convaincues d’homosexualité, la consommation et le trafic de drogue passibles de pendaison publique en haut d’une grue pour l’exemple. Beaucoup dans la famille rejettent en bloc religion, religieux parasites et opportunistes, aspirent à une vie plus libre et nous envient. L’immigration est devenue une porte quasiment fermée et toute la famille et les amis sont là, et le jardin…

Il est plus de minuit quand nous rentrons, charmés par cette soirée. Les enfants ont classe le lendemain matin, Riza a encore deux heures de route pour rentrer à Tabriz et passer chez ses fournisseurs aux aurores mais qu’importe, la soirée au jardin est un moment fort pour toute la famille.

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