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« J’te calcule, ça passe, même pas peur ! » ou Circulation à l’iranienne

Après plus de 2000 km à vélo sur les routes iraniennes, auxquels il faut rajouter quelques milliers de km en bus, nous commençons à mieux comprendre la circulation iranienne.

Nous nous sommes tout d’abord sentis agressés par une circulation dense, bruyante et anarchique. L’essence il y a quelques années ne valait que 3 centimes le litre, et malgré le bond récent suite à la fin du subventionnement par l’état, elle ne vaut maintenant que 20 centimes, moins cher que l’eau minérale. Qu’importe le coût jugé exorbitant par les Iraniens, les moteurs ronflent depuis longtemps en Iran.

A peine adolescents les garçons sillonnent les routes avec leurs motos, passe-temps des villes comme des campagnes. En bandes de copains, à 2 ou 3 voire plus sur des 125 cm3, ils jouent des accélérations et se plaisent à nous interpeler et à essayer leurs quelques mots d’anglais. Pendant ce temps, nous apprécions les odeurs de mélange … Un peu plus âgés, les hommes promènent femme et enfants sur la moto familiale à 3, 4 ou 5. Le casque est très exceptionnel, et toujours exclusivement masculin. Il ne risque pourtant pas de décoiffer madame sous son tchador ! Enfin la moto reste le moyen d’accès aux champs. Nous croisons ainsi nombre d’agriculteurs en soirée assis sur leur pelle ou pioche qui dépassent largement sur le côté de leur moto.

Les voitures françaises ont la cote. Les plus présentes sont les berlines Peugeot (405, Pars), mais Citroën est apprécié pour ses capacités de vitesse (les voitures des policiers et des trafiquants d’après un de nos hôtes), Renault également présent. Peu de modèles néanmoins, des voitures quasiment toutes blanches, toutes montées en Iran. Les voitures des artisans et commerçants sont des Nissan bleues pick-up dans lesquelles tous les chargements sont imaginables.

Les taxis, jaunes pour beaucoup, sont extrêmement présents dans toutes les villes qu’elles soient grosses ou petites. Collectifs ou individuels, ils sont énormément utilisés par tous.

Retour des champs, la pelle sous les fesses

Bande de copains juvéniles

Nous croisons sur les routes des camions de générations variables, qui ont une fâcheuse tendance à dégager des fumées noires dans les montées et terminent de nous asphyxier. Mais qu’avons nous fait à ces poulpes de la route pour qu’ils nous envoient leur encre noire à la figure ? Les bus longue distance, plutôt récents, complètent le panorama.

Nous ne parlons pas des vélos, car ils sont soit complètement absents, soit très minoritaires selon les villes. Dans les villages, ils sont chevauchés par les jeunes garçons et parfois mais rarement quelques fillettes … en attendant de passer à la moto dès 10 ou 12 ans environ.

Tout ce petit monde cohabite … comme il peut dans une règle que nous avons encore du mal à comprendre. Conduite interactive où tout le monde regarde et tente de passer comme il peut. L’anticipation n’est pas de mise. Les changements de direction se font au dernier instant, ce qui nous a valu quelques frayeurs dans les premiers jours. Garder une vitesse régulière, ne pas hésiter, et ça passe ! Le summum se trouve dans les grandes villes, malgré des politiques de limitation du trafic. Ainsi Téhéran connaît plusieurs zones, la plus centrale interdite aux voitures particulières, puis une zone d’alternance selon les numéros pairs et impairs des plaques d’immatriculation. Et pourtant, une congestion anarchique incroyable y règne : une place de la Concorde généralisée sur des centaines de km2 !

Téhéran, ça bouchonne malgré les 2 x 5 voies

On veut aller à droite !

Téhéran, il suffit de s’y retrouver !

Le rôle le plus ingrat revient au piéton, totalement exclu du jeu malgré quelques passages dessinés au sol. Traverser en ville comme en campagne est un acte de bravoure car jamais une voiture ne ralentira si ce n’est au dernier moment. Personnes âgées, réfléchissez-y à deux fois avant de vous élancer ! Vous risquez de gêner un automobiliste.

Affiche pédagogique sur un abri bus d’un monde idéal où les piétons pourraient traverser sereinement !

Pour que les piétons ne gênent pas, passerelle de traversée d’une voie surdimensionnée dans un village. Les ingénieurs se font plaisir …

Les contrôles de vitesse sont réguliers et paraît-il sévèrement punis. Les radars sont bien connus des automobilistes qui donnent de gros coups de frein dans les zones surveillées. Il en est de même pour le franchissement des nombreux ralentisseurs peu signalés. Qu’importe, entre deux, les moteurs ronflent et les vitesses s’envolent. Les voitures plus lentes sont talonnées avant un dépassement digne de films d’action, par la droite ou par la gauche, sans aucune notion de distance de sécurité. Les bandes continues n’empêchent personne de doubler, et étonnamment, seuls les feux sont presque respectés par les seuls automobilistes. Se tromper de route n’est pas trop grave, on peut toujours faire demi-tour même sur une voie unique ou reculer.

On apprend vite à slalomer entre les véhicules arrêtés en double ou triple file, piler derrière un taxi qui flaire un client ou en fait descendre un autre sans prévenir (les clignotants sont des équipements superflus).

Tous ces moteurs drainent une gosse économie, automobile tout d’abord, mais aussi de petits réparateurs, carrossiers, mécaniciens en tous genres, vendeurs de pièces détachées, de pneus, laveurs de voitures … le tout dans la périphérie de chaque ville.

Les exigences sur la conduite, le port de la ceinture, le nombre de passagers entre autre semblent être considérées avec un laxisme total. Et pourtant le pays sait faire respecter le port du foulard à chaque femme ! Nous sommes ainsi sidérés de voir les jeunes enfants sur les genoux de leur mère à l’avant de la voiture, quand ils ne sont pas debout sur les sièges, autant de victimes potentielles lors d’accident – une image de la France dans les années 70, les plus meurtrières sur la route. D’ailleurs l’Iran arbore des statistiques très mauvaises sur les risques routiers, et pourtant, « j’te calcule et ça passe, même pas peur ! »

Communication de la police sur la sécurité routière

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