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Mercatspienne

Mercatastrophe, Mercatspied, Mercatspienne…. Celle là, je ne pouvais pas la louper tant j’ai pu l’entendre à l’école primaire !

Nous quittons Téhéran avec notre visa Tadjik en poche mais pas encore celui du Turkmenistan. Nous espérons l’avoir en cours de route et ne plus jamais avoir à revenir à Téhéran ! Nous commençons par un bon petit col à 2750 mètres pour passer la chaîne de montagnes qui nous sépare de la Caspienne. En montant nous imaginons une belle descente -passer de +2750 à – 25 mètres d’altitude ça n’est pas tous les jours- verdoyante, fleurie et ombragée au milieu des vaches et des torrents bondissants…

C’est un peu raté, un trafic continuel sur une étroite 2 voies, beaucoup de camions, de la poussière, des tunnels sans aération littéralement asphyxiants et une rivière boueuse. C’est bien la première fois que nous avons hâte qu’une descente se termine. Nous apercevons quand même le mont Damavand, point culminant de l’Iran qui nous surveille du haut de ses 5671 m.

Les restaurants sont tenus de couvrir les fenêtres donnant sur la rue pendant le ramadan. A l’intérieur, pas la foule des grands jours mais ils servent les clients…

Nous retrouvons enfin des petites routes tranquilles dans la plaine. Mais quel changement de climat en quelques kilomètres. Il fait chaud, jusqu’à 43° l’après-midi et humide. Nous suons à grosses gouttes mais nez et lèvres apprécient d’échapper à la sécheresse continuelle des plateaux. A perte de vue des rizières, des arbres fruitiers, des champs de melon, l’eau est partout et tout l’espace est occupé.

La mer Caspienne d’ailleurs c’est à peine une mer. Les pays riverains se disputent pour savoir s’il s’agit d’une mer ou d’un lac. Pour les géographes, c’est bien un lac fermé. Pour les géologues, c’est une ancienne mer qui aurait perdu ses copines les mers d’Aral, la Mer Noire par assèchement au fil du temps. La question est d’importance car la réglementation internationale n’est pas la même et les ressources piscicoles autant que pétrolières sont l’objet de la convoitise des pays riverains. Pour les écologues, c’est un espace en péril, menacé par la disparition des zones humides, par la surpêche et par le rejet continuel de polluants qui contamine toute la chaîne alimentaire.

Les plages de la mer Capsienne, ça n’est pas l’Adriatique en été ! Personne n’est allongé lascivement sur la plage, pas l’ombre d’un sein nu évidemment quelle horreur, mais pas l’ombre d’un maillot de bain non plus. Les femmes se baignent en tchador derrière de longs rideaux tendus dans la mer. Quelques hommes se baignent en marcel avec leurs enfants. Pas vraiment l’éclate pour la jeunesse dorée iranienne ! Notre seul « camping » iranien, ce sera un toit en béton où tout le monde s’entasse avec ou sans tente et pour matelas un gros tapis qui occupe la moitié du coffre de la voiture. Seule ressemblance avec nos campings littoraux, le bruit jusqu’à 2 heures du matin.

Coucher de soleil sur a Caspienne

Des rideaux isolent la baignade des femmes

Sur la plage, pas la foule dans l’eau

Discussions avec une équipe de motards iraniens en goguette. Le plus difficile c’est de faire tenir les tapis sur la moto

Camping à l’iranienne au bord de la mer

A Bandar-e-Gaz, nous passons deux bonnes journées avec Rouzbeh, un jeune iranien vraiment exceptionnel de 26 ans, et sa famille, son frère ingénieur en mécanique qui part au service militaire pour 21 mois, son père chauffeur de camion au regard malicieux, sa mère fine cuisinière et contente de voir que nous apprécions ses plats et sa grand-mère une petite femme toujours active malgré les rhumatismes qui la cassent en deux. Rouzbeh sait tout faire, il s’occupe de la ferme, tout en bio il en est fier, et commence par nous montrer sa plantation de fraises, la saison se termine, ses fruitiers, le maïs, les haricots, les pommes de terre. Il construit également la maison de ses parents, coordonne les travaux, électricité, plomberie, couverture. Mais sa vraie passion, c’est la littérature, le théâtre et la musique traditionnelle. Un vrai produit de l’école républicaine islamique, on ne peut au moins pas enlever ça aux barbus. Malgré les faibles revenus de ses parents, il a pu faire des études, a été sélectionné parmi les meilleurs de sa région pour continuer à l’Université. Il a lu Sartre, Simone de Beauvoir, connaît Baudelaire et la poésie française, Molière et le théâtre du grand siècle, la littérature anglaise… Son rêve serait de continuer en master en Europe et avoir le temps d’écrire, surtout du théâtre et de progresser en cithare, son instrument de prédilection. Tout est compliqué pour lui dans le régime actuel, organiser un concert même de musique traditionnelle, c’est la croix et la bannière, trop d’autorisations à avoir, quant à publier le théâtre qu’il souhaiterait, impossible. Il sait que même en écrivant à l’étranger, les conséquences seraient particulièrement difficiles pour sa famille. Dur d’avoir des idées. La surveillance est partout. Il tient à rester dans les règles et à faire enregistrer nos passeports à la police. En y arrivant, la police sait déjà que nous sommes là, quel chemin nous avons pris pour y parvenir, étonnant ! Tout se sait, même dans un village où la police rémunère sous le manteau des indics.

Rouzbeh au milieu de ses fraisiers et grandes conversations sur la culture bio

Sur le chantier de construction de la maison

Virée dans le pick-up d’un ami

Avec Rouzbeh, coucher de soleil sur la mer Caspienne

Musique avec les deux frères et leur père

Tout l’après-midi les femmes s’activent autour du grand chaudron. Toute la famille prépare la fête de départ du frère pour le service. A cette occasion est servie une soupe au nom imprononçable, l’âshtepouchtépa (sans garantie) avec des herbes, du fromage, des fruits, des dattes. C’est délicieux et nous faisons largement honneur à la cuisine, tel qu’un cycliste peut le faire.

Préparation de l’âshtepouchtepa, d’abord cuire (un peu) d’ail

Brigitte avec ses copines

En reprenant les vélos au petit matin, nous traversons des grandes plaines agricoles plus sèches où le blé remplace le riz. Surprise dans les villages, nous retrouvons le turc avec beaucoup de plaisir, comme un ami que l’on retrouve, mais nous ne savons plus dire grand-chose, vite il faut reprendre nos cahiers. Nous sommes chez les Turkmènes iraniens, à une trentaine de kilomètres le long de la frontière du Turkmenistan. Ils ont été des années séparés de leurs familles vivant de l’autre côté du rideau de fer.

En remontant sur les plateaux, nous traversons la « jungle ». Tout le monde nous en parle depuis des semaines, on imagine une forêt luxuriante. Il s’agit en fait d’un étage de forêt tempérée de feuillus entre 300 et 600m d’altitude. La température descend de façon spectaculaire et il fait vraiment bon à l’ombre de ces arbres. Nous plantons la tente au milieu des chênes, des châtaigniers, des érables, le comble de l’exotisme ici. C’est effectivement la première fois que nous traversons une telle forêt depuis les Alpes. Les Iraniens l’apprécient beaucoup et viennent camper en y laissant des tas d’immondices dont se délectent les sangliers.

Le soir suivant, nous sommes surpris par un orage avant Bojnurd, cela faisait des semaines que nous n’avions eu une goutte d’eau. La Caspienne crée de fait un climat bien spécifique. Nous devons prendre un bus pour rejoindre les 250 derniers kilomètres et aller chercher nos visas de 5 jours au consulat du Turkmenistan de Mashhad avant le début de notre traversée, en espérant ne pas y avoir de mauvaises surprises.

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