Nous avons beaucoup pensé à vous ….

Vous qui êtes au travail ou en vacances, les pieds dans l’eau ou à l’ombre avec un bon livre, devant une tablée appétissante de fruits juteux, de fromages, de pain et de saucisson …

Nous avons laissé nos idées s’échapper et vagabonder pendant ces durs moments de montée, de vent de face, de grésil qui nous piquait le visage, sur des routes qui n’en étaient pas.

Scruter le compteur qui affiche 5 quand tout va bien, 4 le plus souvent. Ne pas descendre en dessous de 3,6 car cet insolent affiche alors 0. Comment renier une vitesse si basse soit-elle alors qu’elle demande tant d’efforts ?

Rechercher désespérément la petite soeur de la plus petite vitesse ...

Nous avons le temps de regarder chaque caillou sur toutes ses faces avant de l’éviter, chaque petit tas de sable ou de gravier qui risque de nous faire perdre l’équilibre, les vagues qui s’étirent indéfiniment de tôle ondulée et transforment nos vélos en marteaux-piqueurs.

Ne pas regarder trop loin, ignorer le filet de piste qui continue de monter au loin.

S’interdire de faire des divisions. 15 km de montée, 4 km/h ou peut-être 4,3. NON, ce n’est pas bon pour le moral.

Penser à ce que l’on va manger plus tard, quand tout ce dont nous rêvons alors ne nous fera plus rêver.

Rationner les pastilles à la menthe gardées au fond d’une sacoche pour les moments durs, les bonbons vaguement nougat/chocolat achetés dans une petite épicerie tadjike et qui sur place se révèlent être un délice.

Nous avons beaucoup pensé à vous aussi quand nous avons découvert des paysages à couper le souffle, d’une variété incroyable, au détour de chaque vallée ou col. Des images que nous espérons garder en tête mais qu’aucune photo ne saura restituer, dont aucun superlatif ne sera à la hauteur.

Des habitations improbables où les enfants s’amusent en bord de route de ces voyageurs à vélo avec lesquels ils ont le temps d’échanger.

Cette traversée du Tadjikistan aura sans aucun doute été un moment très fort de notre voyage. Dur physiquement et moralement, nous poussant jusqu’à nos limites. Il nous aura également apporté un émerveillement permanent qui nous a toujours poussé à continuer dans les moments difficiles.

Arrivés au Kirghistan tout nous semble plus simple – peut-être à tort, la suite nous le dira ! Le mythe de l’Asie Centrale est décidément bien justifié.