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Bazar de bazar !

La route de la soie, ou plutôt les routes de la soie ont relié pendant des siècles les grandes villes de Chine, comme Kashgar, Urumqi, Xian, d’Asie centrale, Osh, Tashkent, Samarquand, Boukhara, à l’Iran, Macchad, Téhéran, Ispahan, Tabriz au Proche Orient, Damas, Alep, en Syrie, à la Turquie, Ur, Istanbul, à l’Inde, l’Afghanistan et un peu aussi à l’Europe. Il s’agissait donc plutôt d’un réseau de pistes, bougeant au gré des situations politiques des différentes régions traversées et des besoins du commerce.

Les pistes sont depuis devenues routes, puis autoroutes comme en Chine, en Turquie ou en Iran. Les chameaux sont devenus animaux de boucherie et pour les plus chanceux promeneurs de touristes et les chameliers sont devenus camionneurs. Mais dans certains pays comme le Tadjikistan, prendre la route en camion sur des pistes improbables, devoir réparer n’importe quelle panne à tout moment est resté une vraie aventure. Les caravansérails qui jalonnaient la route tous les 40 km, installés par des souverains avisés et soucieux de développer le commerce sont tombés dans l’oubli. Certains ont été transformés en hôtels de luxe et les stations services sont devenues les caravansérails d’aujourd’hui. C’est souvent beaucoup moins classe…

Mais l’âme vive de la Route de la Soie, c’était et c’est toujours le bazar. Et c’est loin d’être le bazar... Chaque type de commerce est organisé par secteur. D’un côté les marchands de fruits et de légumes, les marchands de viande, de laitages, les marchands de tapis, d’habits, d’ameublement, les ustensiles de cuisine, les produits de beauté, tout le matériel technique pour l’agriculture et le travail du bois ou du métal et au dessus du panier, l’aristocratie du bazar, les marchands d’or et de bijoux. L’essentiel du commerce des bazars était et reste encore un commerce local à une échelle locale ou régionale et la fameuse soie n’était dans les meilleures années, qu’une infime partie de ce qui faisait fonctionner le bazar. Chameaux et caravaniers parcouraient chacun une petite partie de la route et bien rares étaient ceux qui la parcouraient dans son intégralité.

Les marchands de tapis du bazar de Tabriz (Iran) nous ventent la qualité de leurs tapis de toutes les régions d’Iran. C’est tentant mais impossible de les prendre sur nos vélos !

Les marchands d’herbes et de fruits secs au bazar de Maragheh (Iran)

L’herboriste du bazar de Kashan en Iran

Comment peut-on tolérer des formes féminines aussi visibles dans le bazar de Ispahan dans la République Islamique d’Iran ?

Celles-ci sont plus dans la norme…

On trouve (presque) de tout au bazar mécanique, un vrai paradis pour Papy Claude ! Marché de Osh au Kirghizstan

Même les machines à coudre et toutes les pièces qu’il faut pour les faire durer, rien ne se perd ici !

Le marché des bassines de Osh, ça vient toujours de Chine, c’est toujours plein de couleurs mais ça n’est plus de la soie…

On peut même changer de l’argent au change officiel ou au noir auprès des marchands d’or

On y rencontrait et on y rencontre toujours tous les peuples d’Europe et d’Asie et les langues pratiquées devaient y être nombreuses, les langues turcophones et le fârsi étant sans doute majoritaires. Si le Ouïgour diffère du Kazakh, de l’Ouzbek, du Turkmène, de l’Azéri ou du Turc d’Istanbul, la façon de compter y est rigoureusement identique, pas fous ces commerçants. Le brassage des visages, des couleurs y est toujours important. Le bazar a aussi été un lieu de brassage majeur des idées nouvelles et des religions qui se sont souvent répandues avec le commerce. Zoroastrisme, judaïsme, christianisme, nestorianisme, bouddhisme, confucianisme, taoïsme et islam s’y sont tour à tour rencontrés. L’islam a fini par l’emporter grâce notamment à l’idée lumineuse d’exemption d’impôts aux convertis. Les commerçants ne pouvaient guère y être insensibles et ont aussi créé entre coreligionnaires un réseau d’entraide fort pratique de ville en ville.

Le marché de fruits, légumes, fromage, miel, pain est une tentation permanente et bien appréciable pour les cyclistes affamés, ici au marché de Boukhara (Ouzbekistan)

On peut aussi manger sur le pouce, beignets, petits pains, maïs comme ici à Samarkand en Ouzbekistan

Une densité et une diversité de produits impressionnante, ici à Téhéran

Le bazar d’Ispahan à l’heure de pointe, une diversité là aussi étonnante

Le bazar est toujours situé en centre-ville, c’est même le plus souvent le cœur de la ville. Si le bazar des mécanos et des marchands de bestiaux anime la périphérie, le bazar garde une fonction majeure dans l’organisation de la ville et de sa mobilité. Il créé une centralité très structurante dans les villes. L’évolution de son organisation et de son architecture a cependant bien changé depuis, d’un pays à l’autre. Dans la plupart des villes de Turquie et de Chine, les vieux bazars ont le plus souvent été rasés et remplacés par des centres commerciaux fonctionnels et sans âme. Les plus beaux sont incontestablement ceux d’Iran qui ont le plus souvent conservé les bâtiments d’autrefois comme à Tabriz ou à Ispahan ou les ont refondus mais en gardant la structure d’origine comme à Téhéran, Macchad ou Shiraz. Chaque commerçant tient une échoppe de 3 mètres sur 4, une taille quasiment standard et le marché souvent très vaste est parcouru de petites venelles couvertes. Un vrai dédale dans lequel il est difficile de s’orienter sans bien connaître. Nous nous y perdons avec plaisir. En Iran, des petites cours avec un jardin planté de roses et un bassin apportent une note de fraîcheur et permettent de discuter affaires. C’est souvent là que les marchands d’or tiennent leurs enchères. En Asie-centrale, l’époque soviétique est passée par là et il ne reste plus rien du réseau de ruelles d’antant. Un marché vaste, fonctionnel et lumineux a remplacé l’ancien marché. Au Tadjikistan et au Kirghizstan, les marchés sont constitués de conteneurs réformés, empilés, ajustés, liés entre eux qui recréent une ambiance proche des marchés d’autrefois. Ca n’est pas très beau, c’est fonctionnel mais c’est toujours plein de vie.

En Turquie, la plupart des marchés ont été transformés en grands centres commerciaux. Pas à Istanbul où le grand marché est encore bien vivant en plein centre historique

A Kayseri en Turquie, le marché tel qu’il était n’existe plus mais il reste un magnifique marché ouvert de fruits et légumes

Le vieux quartier commerçant d’Erzurum en Turquie disparaît sous les bulldozers pour faire place à des magasins flambants neufs

Le marché de Tabriz, une très belle architecture intérieure

Une pièce d’eau apporte une fraicheur appréciable dans une cour du bazar d’Ispahan

Certaines parties du marché de Macchad ont été transformées en vaste centre commercial

Le marché de Samarkand a été reconstruit dans un style tout soviétique, vaste et fonctionnel mais l’ambiance y est toujours

Au marché de Boukhara, une mama nous vente la qualité de ses chapeaux Ouzbeks et Tadjiks

Le marché fait en conteneurs empilés à Osh au Kirghizistan

Le bazar aux bestiaux de Karakol au Kirghizstan a été transféré en périphérie, c’est quand même plus pratique…

Le quartier et le marché Ouïgour n’existent plus à Dunhuang en Chine mais le marché de nuit est toujours animé

Car si les bâtiments ont pu changer, l’ambiance des marchés est sans doute restée la même et c’est un spectacle permanent. Ca crie souvent, surtout les marchands et marchandes de fruits et légumes. « Ils sont beaux mes melons, ils sont beaux ! » Les vendeurs de tapis interpellent les plus fortunés et les emmènent prendre le thé pour voir, ça n’engage à rien. C’est plus feutré chez les marchands d’or. Ca se bouscule aux heures de pointe, ça mange sur le pouce dans les petites gargotes, ça dort en début d’après-midi quand la chaleur devient accablante. Les marchands gardent boutique ouverte mais s’endorment sur leur étalage ou vont s’allonger dans le jardin. Aux heures de prière, les marchands tirent le rideau en Turquie ou en Iran, pas en Asie centrale où les affaires continuent.

Le marché aux fruits et légumes est toujours animé. Ils sont beaux mes melons, ils sont beaux, bazar d’une petite ville ouïgoure en Chine

L’ambiance est plus feutrée dans la partie réservée aux marchands d’or et de bijoux, ici au bazar d’Ispahan

Au bazar d’Ispahan, les marchands accablés de chaleur font une sieste réparatrice sur leur étalage ou leur tas de charbon

On vient au bazar à pied, en mini-bus, il y en a des masses parqués aux entrées dans toute l’Asie centrale, mais aussi à vélo. A Ispahan, capitale iranienne du vélo (voir l’article à ce sujet), les commerçants sont les principaux utilisateurs du vélo et peuvent se rendre rapidement à leur échoppe en traversant tout le bazar, stationnant facilement leur engin au pas de leur porte.

Les commerçants sont les premiers utilisateurs du vélo pour se déplacer facilement dans les venelles du bazar d’Ispahan

Le modèle type du vélo des commerçants du bazar d’Ispahan, le vélo « anglais » au cadre et porte bagage solides avec des vastes sacoches en cuir ou en tapis

Les livraisons sont assurées par tout un peuple de pousseurs de chariots qui sont les plus fins connaisseurs de toutes les venelles. De jeunes serveurs viennent apporter le thé sur des larges plateaux. En Chine, les livraisons se font principalement en tricycle électrique, le mode préféré des commerçants et des maraîchers. Le nombre de commerçants d’une même profession y est proprement incroyable. Tous paraissent vendre la même chose mais à bien y regarder, tous n’ont pas les mêmes fournisseurs et la variété des produits vendus y est hallucinante. On peut acheter au poids, à l’unité sans emballages inutiles. C’est sans complexe qu’ils renvoient au collègue d’à côté si l’on ne trouve pas chaussure à son pied. Il n’y a pas un espace commercial au monde qui ait une densité d’emplois aussi élevée au mètre carré !

Les livreurs du bazar en attente de commande au marché de Téhéran

Une variété de produit et un bric à brac extraordinaire dans nombre d’épiceries des bazars et des petites villes. Ici dans l’Azerbaïdjan iranien

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