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Petits poucets à Jardiland

Nous quittons Dali et son effervescence touristique sans regret et découvrons par contre avec intérêt Weishan, une petite ville historique tout aussi belle et sans doute oubliée du tourisme de masse à la Chinoise. Un vrai plaisir avec ses rues pavées, ses vieilles boutiques qui ne vendent pas de souvenirs mais qui accueillent un fabriquant de pâtes, des menuisiers, des vendeurs de champignons, des tailleurs, un barbier (bon pour la coiffure mais pas terrible pour la barbe, j’ai testé !), une vrai ville quoi ! Ils commémorent ce soir là un événement historique local et toutes les minorités, les Dai, les Jinuo, les Bulang sont descendus en grands costumes de leurs montagnes pour chanter, danser, conter. Ils y prennent un réel plaisir et se laissent volontiers prendre en photo. D’autres improvisent des danses dans d’autres coins de la ville au son de longues flûtes de bambous et de tambours, avec les habitants qui se joignent à eux. Du folklore sans doute mais vivant comme un fest noz, loin des représentations organisées et formatées que les Chinois savent bien servir aux hordes de touristes sortis de leurs bus.

Weishan, a (encore) échappé à la folie touristique de masse

C’est la fête à Weishan, toutes les minorités sont descendues danser et chanter à la ville

A Weishan, les apprentis calligraphes n’attendent pas le nombre des années

Cérémonie du thé gentiment proposée dans un temple taoïste

Puis, au détour d’une belle descente, nous arrivons subitement sous les tropiques. Sous le tropique du Cancer exactement ! Pourquoi avoir donné le nom d’une aussi vilaine bête à une aussi belle partie du globe ? Changement complet d’ambiance ! Nous voilà au milieu de la forêt tropicale avec ses grands arbres, une variété phénoménale de plantes, d’immenses fougères. Toutes nos plantes d’appartement sont là dans des dimensions fantastiques, nous voici comme des Liliputiens dans une gigantesque jardinerie. Nous croisons des papillons multicolores, bleu électrique et noir, orangés, jaunes, d’immenses toiles tissées par de larges araignées noires, quelques petits serpents clairs écrasés sur la route. Dans la journée, nous sommes continuellement moites, heureusement la température reste douce. Le soir l’humidité descend et en quelques minutes la tente est trempée. Heureusement, nos amis les moustiques nous laissent tranquilles. Peut-être ont-ils suffisamment de prédateurs qui font leur boulot ! Au matin, réveillés par le chant d’oiseaux que nous avons du mal à percevoir, nous évoluons dans une brume épaisse qui ne se lève pas avant 10 ou 11 heures. Ambiance « Gorilles dans la brume » sur une petite route de montagne, nous ne nous étonnerions pas de les voir. Pas de gorilles ici mais quelques éléphants et tigres qui ne se laissent pas apercevoir. Là encore, alors que nous serpentons sur de petites routes quasi désertes, nous tombons tout à coup sur une forêt de bus et de voitures stationnés en tous sens. On imagine trois ou quatre pauvres éléphants commis d’office et qui n’ont sans doute pas demandé autant de publicité se retrouvant face à des milliers de touristes plus occupés à faire des selfies qu’à en connaître plus sur la vie de ces malheureux pachydermes. Heureusement, les visiteurs s’arrêtent presque tous à moins d’un kilomètre de la route et laissent le champ libre aux ornithologues et botanistes qui s’enfoncent dans la vallée.

La forêt tropicale, une diversité biologique impressionante

Liliputiens dans une immense jardinerie

Ambiance « Gorilles dans la brume »

Une grande variété de papillons multicolores

De grandes araignées tissent des toiles impressionnantes

Au petit matin, une brume épaisse et une humidité très forte

Polyculture dans les villages qui ne sont pas encore atteints par les cultures industrielles

Nous traversons quelques villages vivant d’une polyculture en toutes petites parcelles étagées en terrasses, maraîchage, patates douces, maïs, piment, quelques plants de café. La beauté de cette agriculture contraste avec le peu d’intérêt que les habitants ont pour la qualité de leurs constructions et de leurs villages. Tout le monde vit dehors, travaille en laissant tout sur le bord de la route, carcasses de motos, déchets. Pas d’eau potable et encore moins d’assainissement. Les meilleures odeurs de cuisine, de café torréfié et de fleurs tranchent avec celle des égouts à ciel ouvert. Quelques villages ont pourtant de belles constructions tout en bois à deux étages. Le rez-de-chaussée est juste couvert, les toits ont des géométries complexes à pans multiples. Stupéfaction encore quand nous retrouvons à proximité d’un village Dai « traditionnel » la même folie touristique qu’auprès des éléphants. Rien ne manque, les danses « traditionnelles », les paysans en costume « traditionnel » qui récoltent le thé ou le café, les maisons « traditionnelles » ; rien ne manque mais tout est « fake ». De jeunes Dai en costume « traditionnel » surfent sur leur téléphone avant de prendre leur service dans quelques minutes. C’est sans doute plus pratique pour prendre les selfies qu’avec des « vrais » gens parfois récalcitrant mais ça laisse un goût un peu amer et pose quelques questions… Certes ça contribue à concentrer le tourisme et ses nuisances sur quelques spots, à faire connaître les traditions de certaines minorités, on peut en douter vu le formatage des spectacles. Peut-être cela permet-il des revenus complémentaires à des populations considérées comme plutôt pauvres en Chine, mais cela contribue aussi à figer une culture dans une représentation toute faite, comme dans un musée, à la momifier en quelque sorte ? Mais qui sommes-nous pour en juger, nous aussi participons aussi au phénomène touristique ? Peut-être le tourisme à vélo a-t-il l’ambition d’être un peu plus respectueux, un peu plus lent, plus à l’écoute ?

Les buffles font un bon motoculteur dans les rizières

Tout se fait et se stocke dans la rue. Un aimable bazar qui manque un peu d’esthétique

Les femmes Dai prennent un thé avant d’aller prendre leur service au village « traditionnel ».

Ces magnifiques forêts tropicales dont une petite partie est aujourd’hui protégée, sont pourtant menacées par l’avancée des plantations industrielles de bananiers et de canne à sucre dans les fonds de vallée, d’hévéa, de thé et de caféiers dans les pentes qui s’étendent parfois à perte de vue. Comme le dirait aujourd’hui Voltaire, c’est à ce prix là que nous mangeons sucre, bananes, mangues et buvons thé et café… Là aussi l’autoroute vers le Laos avance à grands pas, à côté de notre petite route qui tournicote, des chantiers gigantesques sont en cours, tunnels, viaducs, échangeurs. Les camions de graviers nous doublent sans arrêt et nous enveloppent dans un nuage de bruit, de fumée et de poussière… Vivement le calme légendaire du Laos !

Plantations de bananes industrielles à perte de vue, finie la belle forêt tropicale. C’est à ce prix que nous mangeons aussi des bananes…

Culture du café

Récolte du thé sur les pentes

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