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Sabay diiiiiiii !

Après être remontés en Chine à une latitude proche de Chambéry, nous sommes descendus plein sud pendant des semaines. Vientiane est notre point le plus méridional du voyage, à la même latitude que le Burkina Faso, le Yémen ou le Salvador ! Nous allons à présent lentement remonter vers le Vietnam, la Chine de nouveau …

En arrivant au Laos depuis la Chine, trois choses nous ont particulièrement marqués :

Un calme général se dégage immédiatement de ce pays. Après l’effervescence chinoise, les chantiers partout, les camions au klaxon tonitruant nous enveloppant de poussières, les gens qui parlent fort au téléphone, au restaurant, dans la rue, nous découvrons des routes tranquilles. Même la Nationale 13, principal axe de transport nord-sud du pays nous paraît une bonasse départementale de chez nous. Les gens sont calmes et pas tous accrochés à leur téléphone portable. Les chiens laos sont de loin les plus aimables de notre voyage, pas un aboiement, ni une quelconque tentative de poursuite ! Ca fait du bien !

Traversée de village tout calme par la RN13, la principale route du pays

La seconde, ce sont les enfants partout dans les villages, près des points d’eau pour se laver, près des maisons, à vélo pour aller à l’école ou au collège. Ils nous saluent d’un large sourire et d’un vibrant « sabay diiiii ! », bonjour en Laos. Pas de politique de l’enfant unique ici, le pays a un taux de natalité parmi les plus élevés du sud-est asiatique, même s’il est descendu à un plus durable 3 enfants par femme. Les petits sont portés par les mères, les pères, les grand-mères, les grands-pères, les petits frères ou petites sœurs sans un pagne sur le dos ou sur le ventre, sur les genoux, sur une moto ou un vélo.

Sabay diiii, le cri d’accueil des enfants tout au long des villages du Laos

La troisième est le niveau de développement très en dessous de la Chine. C’est avec le Cambodge et l’Afghanistan, un des plus faibles du continent. Nous arrivons par les montagnes du nord, en pays Hmong, une des quatre grandes ethnies du pays. Les maisons sur pilotis sont entièrement faites de bambous, massifs pour les angles, la charpente, et des treillis de petites éclisses pour faire les murs. Le toit est fait de joncs. Poules, coqs, oies, cochons noirs se baladent librement dans le village. Sous la maison, l’espace protégé de la pluie ou du soleil sert d’atelier de tissage, de salle à manger ou de cuisine, d’espace de rangement. C’est pour nous un spectacle permanent. Près des fontaines réparties dans les villages, les femmes font la lessive et tout le monde fait sa toilette en petite tenue.

Des maisons en bambou sur pilotis.

Sous la maison à pilotis, toute la famille s’active, travaille à tisser, faire des paniers, se repose

Le tissage de la soie est très répandu au Laos. Le résultat est somptueux.

Plus au sud, dans les vallées, le pays se fait plus riche avec de larges cultures de riz, du maraîchage, de l’élevage piscicole, des buffles pour le travail des champs et des vaches. Les maisons en béton supplantent les constructions en bambou. La circulation, pour l’essentiel des petites motos et scooters y est aussi plus dense.

Les marchés sont toujours très colorés avec beaucoup de légumes et de fruits inconnus mais aussi les produits de la chasse en forêt, légaux ou illégaux, oiseaux, rats, chauves-souris, serpents, tortues et même une fois des cornes de rhinocéros bizarrement lustrées ? Etonnant quand on sait qu’il ne reste plus que quelques centaines de rhinocéros d’Asie… encore une contrefaçon chinoise ?

Des paysages karstiques somptueux dans le nord du pays

Séchage de chips faites avec une pâte de manioc et de banane ?

: On trouve de tout sur les marchés, même des produits illégaux comme cette pauvre tortue ou des cornes de rhinocéros. La marchande s’empresse de les retirer de son étalage quand nous sortons l’appareil photo.

Tout le nord du pays est magnifique, très vallonné, avec une faible densité de population et une forêt tropicale parmi les mieux préservées d’Asie du Sud-Est mais largement victime de déforestation rampante. La culture sur brulis, traditionnelle mais très controversée, l’approvisionnement en bois, la fabrication de charbon de bois, la forte demande de bois rares des Chinois mais surtout la croissance de la culture commerciale de l’hévéa tentent à toujours diminuer ces espaces naturels exceptionnels. La politique de protection, la faiblesse des moyens de transport et d’abattage (beaucoup st encore faits à la hache) limite encore un peu la déforestation. Nous trouvons de belles rivières et des sources d’eau chaude ou nous prenons un réel plaisir à nous baigner après la chaleur moite de l’après-midi.

Bain dans des sources d’eau chaude avec Ophélie et Fred un couple d’amis français en vélos couchés

Le bouddhisme redevient très présent au Laos. Il s’agit du bouddhisme theravada, différent de celui que nous avons côtoyé au Tibet. Les temples aux toits en écailles relevés aux extrémités, jalonnent notre route, même si certains territoires n’en comptent que très peu. Lors de la prise de pouvoir du parti communiste, le Pathet Laos a tenté de diminuer fortement la présence des religieux mais a dû faire machine arrière rapidement. Nous croisons de nombreux jeunes moines le long de la route, à vélo ou à pied sous leur parapluie. Contrairement au Tibet où les jeunes ou très jeunes moines le resteront toute leur vie, il est courant ici de rester moine quelques années tout en continuant ses études puis de quitter le noviciat pour partir fonder une famille ou rentrer dans la vie active. Au nord dans les montagnes, l’animisme et le culte des esprits sont encore bien présents ou font l’objet d’un syncrétisme avec le bouddhisme.

Les toits ouvragés en écaille des temples bouddhistes du Laos

Prière du soir dans un temple de Luang Prabang

Culte des esprits sous un grand banian

Après des journées tranquilles dans les villages Laos, l’arrivée à Luang Prabang puis à Vang Vien est un choc. La première, ancienne capitale du royaume et classée au patrimoine mondial de l’UNESCO attire depuis quelques années un tourisme culturel grandissant. La ville au bord du Mékong a gardé nombre de belles demeures coloniales, l’ancien palais présidentiel et une multitude de temples. Nous n’avions jamais vu une telle densité d’Occidentaux depuis Istanbul ! Ca reste bon enfant et la ville ancienne est suffisamment étendue pour que ça ne ressemble pas à des spots chinois comme Dali ou Lijiang… Vang Vien attire une autre forme de tourisme, plutôt moins reluisante. Connue depuis quelques années pour le tourisme d’amphétamine, d’opium, de whisky et de massages très spéciaux, elle attirait un public d’Occidentaux, d’Australiens ou de Coréens en mal de sensations… Jusqu’à ce que les autorités locales y mettent un frein après quelques noyés qui n’avaient pas bu que de l’eau. Sont maintenant mis en avant les sports de pleine nature, kayak, tyrolienne, rando VTT, nage en eau vive, escalade. C’est nettement plus recommandable mais on trouve encore quelques Occidentaux, notamment français défoncés, en petite tenue, bedonnants ou rouges comme des écrevisses qui ne donnent pas vraiment une image enviable de notre beau pays… Bouteilles d’alcool et préservatifs sont encore en tête de gondole dans toutes les épiceries du coin.

Le Mékong à Luang Prabang est un axe important de trafic pour les longues pirogues transportant biens et passagers.

Nous préférons vite retrouver le calme de la campagne et nos bivouacs tranquilles avant d’arriver à Vientiane, une capitale de 800 000 habitants qui ressemble encore à une bonne préfecture de province au bord du Mékong.

Le bivouac sous les étoiles redevient facile au Laos

A Vientiane, nous restons quelque temps pour obtenir notre nouveau visa chinois, ça y est nous l’avons ! et lancer les procédures beaucoup plus compliquées du visa russe, un vrai casse tête. Nous avons dans l’intervalle la chance de rencontrer les amis de mon frère Laurent et de sa femme Elisabeth, Chitpasong, responsable de l’enseignement agricole à l’Université du Laos et son mari chercheur en agronomie tous deux brillants et qui nous parlent avec passion de leur métier, du développement de leur pays et de ses enjeux agricoles. Ils font partie de la haute société Laos, mais sont à l’image du pays, calmes, accueillants et humbles.

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