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UXO

Avez-vous déjà entendu parler des UXO ou « unexploded ordnance » ?

Les donateurs d’Handicap International sûrement. Nous en avions déjà entendu parler dans les années 90 par mon frère Laurent qui a travaillé au Laos près de 5 ans sur ce sujet pour les Nations Unies et en arrivant au Laos, nous avons cherché à en savoir un peu plus.

Il s’agit de toutes les bombes diverses et variées que les Etats-Unis ont déversées sur le Laos de 1964 à 1973 durant la guerre du Vietnam. Le Laos était alors pays neutre mais divisé, malgré un gouvernement d’union nationale, entre les partisans du roi, soutenu par les Etats-Unis et le Pathet Lao, le parti communiste local. Les Vietnamiens utilisaient alors la « piste Ho Chi Minh » le long de la frontière côté Laos pour approvisionner la guerilla au sud Vietnam. Durant toute cette période, les USA ont lancé plus de 580 000 missions de bombardement au Laos, le long de la piste Ho Chi Minh mais également sur toutes les zones du nord Laos favorables au Pathet Laos soit un bombardement toutes les 8 minutes pendant 10 ans ! Pour la bagatelle de 7,2 milliards de dollars. Avec plus de 2 millions de tonnes de bombes déversées, le Laos détient le triste record de la population la plus bombardée de l’histoire de l’humanité en tonnes par habitant. Un tiers de la population Laos s’est trouvée réfugiée dans son propre pays, officiellement neutre.

Une partie importante des bombes larguées, de 10% pour les plus grosses à 30% pour les bombes à sous-munition, n’a pas explosé. Elles représentent un risque toujours mortel 43 ans après la fin du conflit pour les paysans et les enfants, sur des milliers de kilomètres carrés. 50000 personnes ont été victimes des UXO, 20000 tuées et 30000 blessées en temps de paix depuis lors. Labourer une rivière, couper des arbres, aller chasser en forêt, faire un feu pour préparer la cuisine et même jouer représentent encore un risque majeur dans ces zones. Les conséquences économiques et sociales sont dramatiques. De nombreuses zones agricoles sont abandonnées, appauvrissant les paysans locaux. En l’absence de couverture sociale, pour les familles endeuillées ou ayant à supporter une personne handicapée, l’impact est considérable. L’accès à des soins et à des prothèses est très difficile pour des familles isolées ou peu fortunées.

Les restes de bombes sont encore présents dans les villages, quant ils ne sont pas recherchés délibérément par les paysans pour être vendus en ferraille et combler le manque à gagner de terres rendues inaccessibles, avec les risques que l’on connaît.

L’organisation du déminage s’est faite au début un peu « à l’aveugle » sans priorisation très nette. Toute une méthode très précise d’enquête de terrain auprès des populations et d’utilisation des techniques de géolocalisation, à laquelle mon frère Laurent avait participé à l’époque a été développée, testée et mise en œuvre de façon systématique pour prioriser les zones à traiter en fonction de la densité de population, de la probabilité de trouver des UXO avec la carte des missions de bombardement, des accidents répertoriés et géolocalisés, des impacts économiques, du potentiel agricole… Cette nouvelle méthode a permis de multiplier par 4 l’efficacité des missions de déminage. Aujourd’hui, plus de 3000 personnes travaillent au Laos sur les opérations de déminage, sur le travail de sensibilisation des populations, les enquêtes de terrain dans les villages, les enquêtes techniques et le déminage proprement dit. Le quadrillage permet de protéger les zones à risques beaucoup plus précisément et le nombre de décès à fortement diminué depuis.

De nombreux pays européens participent au déminage au côté de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, du Japon et des Etats-Unis dont la contribution reste néanmoins faible et sans commune mesure avec le coût des bombardements pendant les dix ans de guerre.

Le nombre de blessés, amputés des jambes, des mains, défigurés, rendus aveugles ou sourds à soigner, appareiller, accompagner vers l’autonomie est considérable. Plusieurs organisations s’occupent de coordonner et mettre en œuvre l’ensemble des actions, UXO Lao une émanation des Nations Unies, CORE, Handicap International… Nous avons pu visiter le centre de CORE à l’hôpital de rééducation de Vientiane et un centre de fabrication de voiturettes pour handicapés dont le chef d’atelier est lui même une victime des UXO.

Visite de l’atelier de fabrication de voiturettes avec le chef d’atelier, lui même touché il y a quelques années

Fabrique de prothèses de jambes

Comment l’humanité peut-elle mettre autant d’intelligence humaine dans la production de ces outils de mort ? Comment décider de sang froid de bombarder des populations civiles et les impacter sur des dizaines et des dizaines d’années pus tard ? Le Laos a été un des tous premiers pays à ratifier le traité demandant l’arrêt de l’utilisation et la destruction de toutes les bombes à sous-munitions. Il s’agit de bombes larguant des centaines de petites bombes appelées « bombies » au Laos, grosses comme des balles et pouvant couvrir plus de 3 terrains de football avec une seule bombe. Les Etats-Unis refusent de ratifier le traité et ça n’est certainement pas dans les 5 prochaines années qu’il le sera…

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