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Divorce à la japonaise

Ca y est, nous sommes arrivés au bout du bout, à Hiroshima au Japon. A quelques pas de l’endroit où l’apocalypse nucléaire est tombée un jour d’août 45. Le compteur s’est arrêté à 21200 km.

Dernière nuit à vélo sur l'île de Myiajima

Derniers tours de roue devant le mémorial aux victimes de l'apocalypse nucléaire

Et c’est là que nous avons décidé de divorcer. Eh oui, malgré toutes ces années de complicité passées ensemble, malgré toutes ces aventures vécues côte à côte, malgré tous ces moments d’extase comme ces temps d’effort, ces hauts et ces bas, il y a un moment où l’on devient sourd aux petits craquements, le couple faiblit et on oublie de mettre de l’huile dans les rouages…

Ce sont les vélos qui ont fait le premier pas, ou plutôt les premiers tours de roues. Ils voulaient rentrer tranquillement en bateau avec la poste japonaise quand nous tenions à rentrer en train par la Russie. La séparation devenait inéluctable. Les procédures de divorce ont été un peu longues et c’est nous qui avons dû tout assumer. Faire les magasins de vélo pour chercher des cartons, les tailler, scotcher, démonter entièrement, laver, plier…

Ca y est, nous avons trouvé des cartons. Le marchand de vélo nous donne un coup de main, nous prête des outils, et nous partons avec les cartons et tout un tas de petits cadeaux...

Pas évident de transporter des cartons avec tout l'équipement...

Démontage complet des vélos devant la poste

Toujours aussi sympathiques ces Japonais ! des vélos par la poste avec un postier tout attentionné

Et voilà, ils sont partis, nous laissant comme orphelins après toutes ces journées de liberté passées ensemble. Finie l’autonomie qu’ils nous donnaient, la facilité pour aller où l’on voulait, transporter facilement les bagages… Il faut à présent nous astreindre à des horaires, planifier, préparer, être à l’heure.

Il va aussi falloir nous déshabituer de beaucoup de choses simples au Japon, se laver dans les WC, aller se réchauffer les fesses sur les toilettes des convenient stores, mettre les moufles pour préparer à manger, garder l’eau des pâtes pour se faire une soupe chaude, toujours laisser un peu de thé tiède pour faire la vaisselle, aller au lit tout habillé, garder les gants pour lire…

Petit déjeuner à la fraîche, les gourdes sont prises en glace

Retour quand même sur nos derniers jours de vélo au Japon de Nagasaki à Hiroshima au nord-ouest de l’île de Kyushu puis au sud de Honshu, l’île principale. Une vision du Japon plus conforme à celle que nous pouvions avoir avant. De grandes villes tentaculaires comme Nagasaki, Fukuoka, Kitakyūshū, Hiroshima que nous mettons des dizaines de kilomètres à traverser, à travers de vastes zones portuaires, des industries lourdes, de longues zones industrielles et commerciales.

Nous traversons de grandes villes tentaculaires et d'immenses ports et zones industrielles

Une vieille maison se trouve un peu à l'étroit au milieu des immeubles et des autoroutes surélevées...

Et puis aussi des petits moments de bonheur tranquille surplombant le bord de mer près de Hirado, une journée de tempête au bord de la mer à Fukutsu, une petite crique sur l’île de Miyajima. Le général hiver est passé à l’offensive. Le vent souffle en tempête du nord-ouest, le ciel hésite entre un beau bleu et des virevoltes de flocons. Les collines environnantes sont couvertes de neige. La nuit, notre condensation gèle sous la tente et nos gourdes ne sont plus au matin qu’un gros bloc de glace mais le moral est au beau fixe. Et pourtant, le printemps est presque là et nous avons aperçu nos premiers cerisiers en fleurs. Nous étions partis de Savoie et avions traversé le Piémont dans cette ambiance, une année presque s’est écoulée, le cycle des saisons recommence et nous rentrons bientôt.

Et pourtant le printemps est presque là au sud du Japon

Le temple shinto de Myiajima au petit matin

Le temple de Fukutsu au milieu des arbres. On imagine bien tous les petits dieux de la forêt galopant entre les racines...

Bivouac en bord de mer à Hirado après un bon bain chaud dans un onsen

Encore de bien belles rencontres. Avec Ran et sa maman à Fukuoka. Ran termine ses études de médecine. Une jeune femme brillante, bosseuse, au regard déterminé, qui sait ce qu’elle veut dans la vie, sportive, passionnée de vélo, elle a fait de l’heptathlon au niveau national. Elle a plein de projets dans la vie. Ca ne vous rappelle pas quelqu’un ? D’abord commencer à travailler comme médecin à l’hôpital de Fukushima après la catastrophe nucléaire et alors la plupart des médecins sont partis et que de nouvelles équipes se reforment. Ca la passionne de savoir, comprendre, aider. Il est encore trop tôt pour voir les premières augmentations anormales de cancers de la thyroïde mais les effets médicaux indirects sont déjà importants : dépression après le traumatisme mais surtout à cause de la déstructuration complète des communautés villageoises quand la plupart fuient, d’autres restent dans un désarroi profond. Mais surtout une croissance sans précédent de diabète. Les gens et surtout les enfants ne sortent plus, ne jouent plus dehors, les plus âgés ne jardinent plus, ne vont plus ramasser les champignons et restent cloîtrés chez eux sans activité physique suffisante. Ran veut aussi travailler pour médecin sans frontières et pouvoir concilier travail, voyage et famille avec son ami. Elle se montrait du coup très intéressée par nos diverses expériences. Belle soirée aussi avec sa maman, qui nous avait préparé un délicieux repas japonais, aux petits soins pour nous et toute contente de pouvoir pratiquer un peu l’anglais.

Avec Ran et sa maman aux petits soins à Fukuoka

Toute autre ambiance chez Shingo et Akko qui nous invitaient le lendemain. Lui est agriculteur et fait essentiellement de la fraise et un peu de maraîchage. Elle restauratrice tient un restaurant à quelques kilomètres, magnifiquement peint et donne des cours de cuisine japonaise. Un couple atypique et tellement sympathique. Shingo est un vrai colosse, inhabituel au Japon et quand il vous serre dans ses bras, on a l’impression d’être entre les pattes affectueuses d’un gros nounours. Il joue de la guitare, porte un tatouage de feuille de chanvre indien. Elle est à l’affut de toutes les saveurs et porte un regard gourmand sur le monde, en apprécie toutes les nuances. Nous passons deux soirées formidables avec eux et avec un jeune cycliste, architecte paysagiste Japonais qui traverse tout le pays à vélo. Chanter, jouer de la guitare, préparer des bons petits plats et en savoir plus sur le Japon, que du plaisir. Ca fait du bien de voir qu’il y a aussi des maisons japonaises où l’on sait apprécier un petit zeste de bazar, où tout n’est pas absolument nickel et où l’on s’accommode bien d’à peu-près question rangement ! Comme dans les autres maisons, seule la pièce centrale où l’on vit est chauffée avec un petit poêle à essence. Nous dormons sur les futons dans une pièce à côté. Il ne fait pas plus de 5°C.

Akko dans son restaurant

Avec Shingo, son mari agriculteur devant une pleine caisse de ses fraises délicieuses. Une soirée crêpes, Brigitte à la poêle... Et un jeune cycliste architecte paysagiste qui traverse le Japon de Hokaïdo à Okinawa.

Nos vélos sont partis mais notre voyage n’est pas encore terminé ! Nous rentrons en musardant d’abord par Tokyo, puis Vladivostok, le lac Baïkal, Moscou, St Petersburg, sans doute les Pays Baltes car nous venons d’apprendre qu’il faut un visa pour traverser la Biélorussie en train. Retour au bercail au Bourget le 4 mars, nous vous y attendrons !

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